Pierre Dulieu, DragonJazz (09/04/2019)
Ce trio produit une musique sombre entre électrique et acoustique. Dès les premières mesures de Bari, la basse résonne dans un brouillard épais, annonçant la venue de créatures innommables. Et quand le saxophone se joint à elle telle une menaçante corne de brume, c'est l'univers de Lovecraft qui s'entrouvre lentement. Et puis, l'enfer se déchaîne avec Dub animé par la frappe implacable de Giovanni Barcella. Le son est dense et organique, rampant tel un monstrueux serpent à travers le feuillage humide d'une jungle perdue. Plus mystérieux et sournois, Copper fait émerger des bribes de cauchemar fantomatique. Le son grave du saxophone baryton, venu du fond des âges, prend aux tripes. On pense parfois à Univers Zero dont la noirceur renvoie elle aussi au mythe de Cthulhu : "la furie animale et la licence orgiaque se stimulaient l'une l'autre vers des sommets démoniaques à l'aide de hurlements et d'extases rauques qui déchiraient ces bois nuiteux et s'y réverbéraient comme autant de tempêtes pestilentielles venues des gouffres de l'enfer.

Après le crescendo d'un Blade toujours noir mais plus rythmé, l'album se termine dans une implacable logique sur End dynamité par une jeu de batterie arborescent qui s'interrompt d'un coup comme si tout le groupe avait été avalé par une créature colossale. Mais il y a une surprise : un septième morceau ajouté en extra au répertoire comme une forme de rédemption où la musique se fait plus légère, quasi planante, en nous emmenant ailleurs, sur un nuage moelleux où l'on se réveille enfin au grand jour après cette virée nocturne.

BackBack 4 est une expérience sans doute parfois éprouvante mais aussi attirante qu'une bon roman fantastique où l'on vient quémander un frisson en côtoyant des esprits et des formes dont seules les légendes ont gardé le souvenir. Recommandé !

 

 

 

 

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